En tant que psychologue de la santé, j’interviens en consultation, lors d’intervention en prévention ou en formation dans le champ des addictions. Alors je publierai régulièrement des articles sur ce thème.
Pour débuter, il me semblait important de vous proposer un bref rappel historique, ciblé sur l’alcool.
Évolution de la notion de prévention
Depuis l’Antiquité, les sociétés ont souhaité anticiper la survenue d’un mal, et intervenir pour le détruire ou le réduire. De nos jours, la société française et les pouvoirs publics mettent en place des stratégies de prévention et de soins pour lutter contre les addictions : les conduites alcooliques constituent un sujet qui préoccupe de plus en plus les individus et les organismes, qui travaillent auprès des populations touchées par ce problème. En effet, ces conduites représentent un des principaux problèmes de santé publique en France. De même que les représentations des produits considérés dans les populations ont varié au cours du temps (alcool, tabac, ou autres drogues), les addictions sont depuis peu envisagées en terme de maladies ou de phénomènes à prévenir. La prévention des risques a elle aussi évolué : axée initialement sur la lutte contre les substances, elle tend de nos jours à développer davantage la notion de gestion ou de limitation des risques.
Contexte historique et évolution sociale
Depuis les origines de l’Homme, l’histoire des boissons alcoolisées a été intimement liée à celle de l’homo-sapiens. Durant une longue période, l’abus des boissons fermentées ou distillées fut limité aux individus qui avaient le pouvoir et pouvaient bénéficier d’un approvisionnement privilégié. Le développement des moyens de communication, les progrès de la distillation ont favorisé le passage de la consommation festive à la consommation quotidienne. Les principales actions pour freiner les excès d’alcoolisme furent alors des lois ou la création de nombreuses sociétés de tempérance, d’obédience religieuse en Amérique et en Europe, contrairement à la France qui a tardé à reconnaître l’ampleur du phénomène.
Perception de l’alcoolisme et mesures préventives
Progressivement, l’alcoolisme est perçu comme une dégénérescence menaçant le bon ordre public et touchant principalement les classes laborieuses. Les mesures « préventives » sont alors sociales ou législatives, telle une loi du Troisième Reich prônant la stérilisation des alcooliques. Le 12 mars 1872, les membres de l’Académie de Médecine annoncent la création de l’Association française contre l’abus des boissons alcooliques. Au début du vingtième siècle, se multiplient les associations anti-alcooliques, créées à l’initiative du patronat, des ouvriers ou des églises. Les mouvements d’anciens buveurs organisent des campagnes basées sur la pédagogie de la peur. Sous la pression, les pouvoirs publics commencent à réagir, inscrivant la sensibilisation aux dangers de l’alcool dans les programmes scolaires à partir de 1897. A partir de 1950, la prévention et la prise en charge se développent notamment avec la loi du 15 avril 1954 sur les alcooliques dangereux pour autrui. Dans les années 1970, les pouvoirs publics institutionnalisent la lutte contre l’alcoolisme et créent des structures de prise en charge des personnes malades de l’alcool.
Depuis, les stratégies ont encore évolué, développant un axe de prévention notamment avec la loi Evin (1991). Les campagnes d’information de ces dernières années ont pour objectif de modifier les perceptions sociales vis-à-vis de l’alcool, notamment chez les jeunes, et de limiter les risques de la consommation excessive.
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